vendredi 25 avril 2008

Histoire d'un jeune qui aime son métier.

Allez, on va l'appeler Fabrice. Il habite un village, à quelques kilomètres d'une petite ville de Côte d'Or. Il a vingt ans, sa maman l'élève seule avec sa petite sœur. Il passe son CAP et pour cela il suit une formation à Dijon.
Comme ils n'ont pas d'argent dans la famille, il ne loge pas à Dijon. Il se lève le matin avant six heures, va à la gare (bus d'abord, puis 1h de train), commence sa journée à 9h dans le salon de coiffure où il est en stage, reprend son train à 19h30, puis rentre à pied jusque chez lui parce qu'il n'y a plus de bus.
A midi, il s'est arrêté deux heures pour manger du pain.
Il n'a pas non plus d'argent pour prendre le train : les amendes s'accumulent, mais il s'en fiche, car, dit-il, il ne connaît pas les contrôleurs qui le verbalisent. C'est ce qui lui permet de garder (un peu) l'estime de lui-même.
En ce moment, il attend qu'on lui verse enfin la bourse à laquelle, paraît-il, il a droit. Ça lui permettrait de payer le train, et de trouver une chambre à Dijon. Il aimerait bien aussi trouver un coiffeur qui le prenne en apprentissage.

vendredi 18 avril 2008

Les Eglises en procès.

En Algérie, les Eglises sont en procès : ce n'est pas un pastiche de l'ouvrage de Paul Valadier, mais la difficulté dans laquelle se trouvent les chrétiens de ce pays depuis le vote d'une loi réprimant durement le prosélytisme.

Voici un blog sur lequel vous pourrez trouver des informations à ce sujet, et aussi quelques échos sympathiques de la maison diocésaine d'Alger.

Demain samedi 19 avril a lieu le procès en appel de Pierre, prêtre, et de Fethi, médecin. Ils se sont rendus coupables d'être allés visiter les malheureux détenus dans un camp de réfugiés, et ont été condamnés en première instance à des peines de prison.

Détail terrible : ces camps où se sont rendus le prêtre et le médecin, ils ont été ouverts à la demande des européens, pour retenir ceux qui, poussés par la misère et par la guerre, quittent leur pays et tentent d'accéder à la vie meilleure de notre vieux continent.

vendredi 11 avril 2008

Inventaire.


Hier soir au Shanti, 69 rue Berbisey à Dijon, il y avait :
  • Une chrétienne convertie à l'Islam
  • Deux bouddhistes
  • Un pasteur évangélique et sa femme
  • Un prêtre (votre serviteur)
  • Deux Hindous, du courant déiste paraît-il
  • Une italienne catholique
  • Un juif
  • Un monsieur qui pense que nous vivons dans un rêve, si j'ai bien compris
  • Une ex-danseuse, ex-carmélite, étudiante en histoire
  • Deux athées
  • Deux musulmans qui ne savaient plus trop où ils en étaient
  • Deux mormons, tout droit débarqués de leur Utah
  • Une adepte de la non-dualité, mais je ne peux pas vous en dire plus
Et aussi d'autres gens, qui étaient venus pour participer à un débat sur "Dieu et la souffrance".

La discussion sombrait parfois dans un unanimisme un peu gênant, et parfois aussi s'est trouvée un peu piratée (au sens aristotélicien du terme) par des intervenants qui arrivaient avec des questions sans rapport avec le sujet. Mais le plus intéressant, vraiment, c'était la composition de l'assemblée.

Adoption

Pour les abonnés à "La Croix", un article de Jean-Vital de Monléon, mari d'Isabelle, papa de Philippine, Marie-Camille et Mayeul, tous trois adoptés en Océanie :

http://journalenligne.la-croix.com/ee/lacroix/default.php?pSetup=lacroix&token=53a939e16e6a44bfbcd39aa0af41d680

Il pose deux ou trois questions intéressantes sur l'adoption et ses liens avec l'humanitaire.

jeudi 10 avril 2008

Encore la fin de vie.

Après une émission de télé consacrée à l'euthanasie, la journaliste qui animait - et qui se déclarait favorable à une évolution de la loi - m'a expliqué ses motivations : elle a été confrontée au problème à deux reprises, à l'occasion du cancer dont sa mère avait été frappée, et du suicide de sa sœur qui était victime de la même maladie.

"Pour ma mère, je sais que nous avons fait tout ce que nous avons pu. Pour ma sœur, je n'en suis pas encore remise : la blessure est à vif."

Dans un cas, la paix intérieure d'une fille qui a accompagné la fin de la vie de sa mère jusqu'au bout, y compris les moments les plus durs ; dans l'autre, inguérissable blessure de n'avoir pu le faire.

Comment, après cela, être favorable au suicide assisté ? La pression médiatique - toujours à sens unique - et l'émotion sont si énormes qu'ils en viennent à altérer le jugement.

Ce soir à 19h30 au Shanti (69, rue Berbisey) : un débat sur Dieu et la souffrance.

samedi 5 avril 2008

Jaune


Piero est peintre, il habite une petite ville en Bourgogne du Sud. Son travail est plutôt figuratif, mais il fait de temps en temps un petit détour par l'abstraction. Voici "Jaune", un grand format, celui que je préfère d'une série sur les couleurs.

La photo ne rend pas pleinement justice à l'œuvre, il faut la voir au soleil, éclatante de lumière, pleine du travail de l'artiste, de ses pleins et de ses déliés, de ses creux et de ses bosses. Il faut plus que la regarder : il faut la toucher (de l'œil), en visiter les aspérités tout en respectant sa fragilité, en découvrir la préciosité. Il y a de la matière, là-dedans.

Il faut aussi visiter l'atelier de Piero, petite bicoque au fond d'une cour délaissée. C'est là que l'on comprend à quel point il fait corps avec son œuvre, qu'il est autant artisan que poète : on est sur terre, il fait froid en hiver et sans doute chaud en été, le sol est humide, les courants d'air passent par les ouvertures. Ce qui travaille, ce sont les mains et l'esprit, et aussi l'Esprit qui visite la matière.

Piero travaille en ce moment sur une crucifixion rouge, noire et or, et sur un gisant gris qui flotte dans un ciel bleu sombre.

mardi 1 avril 2008

Boycott ?


Faut-il boycotter les jeux ? Un bref extrait de la lettre d'un ami prêtre en Chine rejoint des conversations de ces derniers temps avec quelques amis chinois :

Boycotter les JO, quelques soient les bonnes raisons derrière, serait une bien mauvaise idée, car au-delà du gouvernement chinois, c’est tout un peuple qui serait blessé dans son sentiment national en recherche depuis 160 ans.