mardi 30 septembre 2008

Internet et les cathos (suite)



"Les catholiques apprennent vite" : une émission sur Public Sénat, l'une des deux chaînes parlementaires françaises, montre la vitesse à laquelle l'Eglise catholique comble son retard de présence sur le net, à travers des sites dont la qualité s'améliore sans cesse.

Le meilleur de cette émission d'une dizaine de minutes : l'interview de David Lerouge, prêtre de Cherbourg, qui tient depuis deux ans un des blogs les plus sensibles et intelligents que je connaisse.

Un autre blog à aller voir : celui de Raphaël Clément, prêtre de l'Oratoire, arrivé à Dijon à la fin du mois d'août avec deux de ses frères pour prendre part aux activités de l'aumônerie étudiante.


samedi 27 septembre 2008

Les surprises du week-end.



Dommage la photo est un peu floue. Ce n'est pas un tas de poubelles, ce sont trois personnes et leurs chiens qui ont passé la nuit devant l'église et que j'ai trouvés ce matin en allant ouvrir.

vendredi 26 septembre 2008

Internet et les cathos.

"Les catholiques ne sont pas assez présents sur la Toile" : refrain connu, qui accompagne ce que l'on dit sur la frilosité des ecclésiastiques, sur leur retard dans l'adoption des nouvelles technologies... Au fait, le nouveau portail de la Conférence des évêques est en ligne depuis juin et enregistre de plus en plus de connexions, et un site sur la pensée sociale de l'Eglise vient également de voir le jour.

Voici une petite histoire qui illustre admirablement la façon dont internet bouscule nos habitudes : j'ai reçu cette semaine un couple qui venait pour se marier. Hélas, le fiancé avait déjà célébré un autre mariage religieux quelques années auparavant... Situation terriblement injuste, et pour l'homme qui a été abandonné par sa première épouse, et pour la jeune femme qui n'y peut évidemment rien. Nous entamons donc le dialogue et commençons ensemble à envisager des issues possibles, qui vont prendre de toute façon du temps, alors que toute la fête est déjà prévue pour le mois de juin.

Le lendemain, ils me rappellent : ils ont vu sur Internet qu'il était possible de bénir les alliances le jour du mariage civil, et que je n'avais pas le droit de m'y opposer. Qui doivent-ils croire ?

Le portail de la conférence des évêques de France

Le site penseesociale.catholique.fr
Ce qu'en dit l'archevêque de Paris

jeudi 25 septembre 2008

Un deuil à faire

Beaucoup de commentaires, lors du voyage de Benoit XVI en France, ont insisté sur l'état supposé de décrépitude de l'Eglise catholique en France. C'est toujours le même refrain : églises vides, moins de prêtres, etc. C'était bien autrefois, maintenant c'est la dêche.

Il faut faire son deuil de cet autrefois. Et tâcher d'évaluer la vraie vitalité de l'Eglise aujourd'hui en la situant pour ce qu'elle est (comme le dit Benoît XVI, l'une des composantes de la société et pas son tout). Comprendre que le sens donné au mot "foi" a changé en profondeur : être croyant n'est plus d'abord une question de convictions, mais une expérience personnelle de rencontre avec Dieu. Et du coup, c'est la conception de l'Eglise qui s'en trouve bouleversée : car il y a de multiples manières de rencontrer Dieu, et cette rencontre nous change en profondeur mais toujours en respectant notre liberté. La foi, c'est cette aventure personnelle avec Dieu, que chacun vit à sa façon. Et puisque l'Eglise est le peuple des croyants, elle rassemble des hommes, des femmes et des enfants qui se situent de diverses manières dans cette histoire-là.

L'Eglise rassemble donc des personnes qui arpentent des itinéraires très différents les uns des autres. L'Eglise de la chrétienté était une Eglise où tout le monde était disciple du Christ, et l'idéal était d'y être apôtre. Aujourd'hui, seul un petit nombre peut se dire vraiment disciple, c'est-à-dire prendre la suite de Jésus, écouter son enseignement, vivre selon ses commandements. Mais beaucoup, beaucoup de personnes sont croyantes : elles ont rencontré Dieu dans leur vie, et cela leur a fait du bien. Ce sont toutes celles qui se tournent vers l'Eglise en lui demandant de les aider à renouveler et approfondir cette extraordinaire expérience : mariages, baptêmes, obsèques, prière, autant de temps qui permettent cette rencontre du Christ, cette expérience de l'Esprit, qui sont le coeur de la foi.

mardi 23 septembre 2008

Libertés.

Ce matin à la supérette du coin : en passant à la caisse, les clients sont priés de présenter leurs sacs ouverts. Moi, je refuse toujours : ce qu'il y a dans mon sac ne regarde personne, et aucun supermarché n'a le droit de regarder ce qu'il y a dedans.

Alors, me dit-on : si tu ne montres pas ton sac, c'est que tu as quelque chose à cacher... Moi je n'ai rien à cacher alors ça ne me gêne pas de le montrer.

Je poursuis le raisonnement : c'est comme la torture. C'est normal de soumettre à la torture des gens pour leur faire avouer ce qu'ils ne veulent pas dire. Après tout, si on n'a rien à se reprocher, on n'a pas peur de tout dire. C'est comme les petites fiches de la police : moi, ça ne me gêne pas, je n'ai rien à cacher ... etc, etc.

C'est de cette manière, petit à petit, sophisme après sophisme, que se grignotent des libertés chèrement acquises. Que des abus de pouvoir se constituent.

D'ailleurs, quand je refuse de montrer mon sac, on n'insiste pas. On me laisse avec mes sales petits secrets.

mercredi 17 septembre 2008

Décidément, la laïcité.

La laïcité se sera imposée comme l'un des thèmes majeurs du voyage de Benoît XVI en France, avec son cortège de grandes et de petites phrases et d'idées toutes faites sur le rôle des religions dans la vie publique.

Plutôt que d'en rajouter sur ce blog, je préfère vous diriger sur une longue et intéressante contribution de Jean-Claude Guillebaud, à l'adresse Un pape, un blog.

jeudi 11 septembre 2008

Laïcité étriquée.

On entend parler de "laïcité ouverte". Il y a aussi une autre forme de laïcité : pas fermée, mais peut-être un peu mesquine...

Pendant les vacances, les élèves de prépa avaient un travail : lire les "Confessions" de Saint Augustin, qui sont au programme cette année. Mais la prof les a prévenus : on ne parlerait pas de "Saint" Augustin, mais d'Augustin tout court. Augustin comment alors ? Augustin d'Hippone ? Ah non, car justement si on l'appelle comme ça c'est parce qu'il était évêque d'Hippone. Augustin fils de Sainte Monique ? Euh non ça ne va pas non plus.

Mais comment fera-t-on pour expliquer aux élèves que tout l'ouvrage repose sur l'expérience unique de la grâce, de la foi et du salut apporté par Dieu ?

Voilà donc notre Augustin sommé d'entrer nu dans les salles de cours, laissant au vestiaire mitre et auréole. Espérons que la splendeur de son oeuvre n'en sera que plus évidente.

PS : le Président de la République va-t-il accueillir à l'Elysée le pape ou le professeur Ratzinger, de l'Institut ?

mardi 9 septembre 2008

Un pape, un blog.















Pour ceux qui veulent participer au débat provoqué par le voyage du pape en France : allez faire un tour sur le blog que La Croix ouvre tout spécialement à cette occasion.

samedi 6 septembre 2008

Un si joli prénom.

Edvige : tout le monde connaît la chouette d'Harry Potter, au prénom insolite et rigolo. C'est aussi le nom d'un nouveau fichier, sur lequel vont figurer les responsables politiques, religieux, associatifs, syndicaux, et les délinquants à partir de treize ans. On y inscrira tout ce qui peut aider le gouvernement à gouverner : état-civil, numéros de téléphones, coordonnées Internet (avec tout ce que cela comporte : rappelons que les écoutes des téléphones portables et la surveillance du courrier électronique ne sont pas protégées comme le reste de la vie privée), santé, "orientation sexuelle", etc etc.

Le décret est publié depuis le mois de juin, malgré une campagne de presse qui a été totalement inutile. Un élu de Côte-d'Or a découvert récemment son existence et s'en alarme : et si le fichier venait à tomber en de mauvaises mains ?

La question n'est pas seulement là. Elle est double.

Premièrement : il est facile de faire figurer sur ce genre de fichier des renseignements erronés. Facile ensuite de les utiliser pour déstabiliser des personnes, des mouvements, dont on voudrait se débarrasser. On ne veut pas d'un élu ? Inventons-lui un compte en Suisse... On veut se débarrasser d'un évêque ? Trouvons-lui une maîtresse... Qui ira vérifier ?

Deuxièmement : si ce fichage concernait tous les citoyens, la levée de boucliers serait générale. Mais vu que ça ne concerne qu'une minorité : malhonnêtes gens, ou personnes qui ont la mauvaise idée de se mettre en avant, eh bien ça ne me regarde pas. On mise ainsi sur l'égoïsme. C'est le principe de la torture : puisqu'on ne torture que les coupables, c'est bien et ça ne risque pas de m'arriver. Voire...

mercredi 3 septembre 2008

Une révolution silencieuse.

Ce ne sont pas les grandes révolutions qui nous marquent forcément le plus.

Annie est une paroissienne, une amie et l'une de celles qui, dans les années soixante-dix, ont mis au point le diagnostic pré-natal. C'est grâce à elle et à ses collègues que les futurs parents peuvent contempler, des mois avant sa naissance, la petite merveille à qui ils ont donné la vie. Désormais, la première échographie est aussi, dans l'album de famille, la première photo de l'enfant. On le voit, les jambes repliées, les mains à demi-fermées, baignant dans ce liquide nourricier dont nous avons, paraît-il, la nostalgie inguérissable. Une évidence se saisit alors des parents : ce que l'on voit là, c'est un être humain.

Par un étrange paradoxe, cette découverte de l'humanité de l'enfant à naître est arrivée en même temps que la possibilité de lui donner la mort, jusqu'aux derniers jours avant la naissance dans certains cas. Elle est un élément fondamental, peu cité mais dépassant tous les arguments philosophiques et théologiques, dans le débat sur la personnalité de l'embryon.

mardi 2 septembre 2008

L'abbé François est un des prêtres africains qui réussissent à traverser la mer pour nous rejoindre pendant les mois de vacances. Il vient de passer quelques semaines dans une paroisse du Lot-et-Garonne, où il a été saisi d'une demande qui l'a passablement interloqué : les pompes funèbres lui demandaient de célébrer les funérailles d'un enfant né à 5 mois et qui n'a pas vécu. C'était déjà compliqué en soi, mais il y avait autre chose : si l'enfant était mort à la naissance, c'est que la mère avait choisi d'interrompre la grossesse.

La dame a appelé quelques temps plus tard : elle ne voyait pas, alors que le droit autorise maintenant à inscrire un enfant mort-né sur le livret de famille sans tenir compte de l'état d'avancement de la grossesse, pourquoi il n'y aurait pas d'obsèques religieuses.

Tordu, me direz-vous ? Je vois dans cette anecdote l'expression des paradoxes d'une société qui découvre, dès les tout premiers mois de la grossesse, à quel point l'enfant à naître ressemble à un enfant tout court ; et qui donne le droit à ses parents de décider s'ils lui donneront naissance ou pas. Alors : oui, c'est un enfant ? non, ce n'en est pas un ? Je crains que la réponse ne devienne, insensiblement : oui, c'est un enfant ; comme il est à moi, je peux décider moi-même de le laisser vivre. En espérant qu'elle ne sera pas : à mon avis, ce n'est pas un enfant ; à ton avis, c'en est un.