vendredi 21 octobre 2011

Place nette.


Je ne voulais pas en parler jusqu'à maintenant pour ne pas attirer l'attention sur eux... Mais comme, depuis hier, ils ne viennent plus, me voilà libéré : depuis la fin du mois d'août, une dizaine de personnes, manifestement en provenance d'Afrique de l'Est, dormaient sous le kiosque en face de l'église. Hier matin, ils n'étaient plus là. Quelqu'un a-t-il fait place nette ?

Depuis le début de l'année, Dijon a accueilli 1200 demandeurs d'asile, soit le double de toute l'année 2010. Plus de la moitié dorment dans la rue. La permanence du Secours catholique est débordée comme jamais, le collectif qui se charge de leur domiciliation postale aussi. L'an dernier, la sonnette d'alarme avait déjà été tirée pour... 70 personnes à la rue !

Ce matin, Monique, une religieuse qui revient d'un séjour en Algérie, citait un proverbe de là-bas : "Le Sahara est un cimetière, la Méditerranée est un cimetière". A Oran, à Alger, sans doute aussi au Maroc, il y a dans la rue des milliers de personnes, en provenance de l'Afrique subsaharienne, qui vivent d'expédients en attendant de trouver un filon pour traverser la mer. La situation dégénère parfois en violences.

De tout cela, nous ne sommes guère informés... Secours catholique, Cimade et SOS Refoulement invitent à une manifestation publique le 8 novembre prochain. Mais les termes utilisés l'an dernier dans la vidéo qui suit sont toujours valables un an après.

jeudi 20 octobre 2011

Ce sera la société, crétin !

C’est devenu une habitude, et pourtant, c’est nouveau : la conférence des évêques de France a publié, très en avance sur l’échéance, des « éléments de discernement » en vue des élections présidentielles de 21012.

C’est une habitude : en 2006, un document intitulé « Qu’as-tu fait de ton frère ? » proposait déjà aux catholiques de réfléchir à partir de l’Evangile et de l’enseignement social de l’Eglise avant de déposer dans l’urne leur bulletin de vote. Il en va de même à chaque échéance électorale nationale. Ces textes reprennent, en les synthétisant, les diverses prises de position des évêques de France dans la vie de notre pays. Rien de neuf, donc, en apparence.

C’est nouveau, pourtant. Car les évêques mettent justement le doigt là où le bât va blesser. C’est ce que suggère le titre : « Un vote, pour quelle société ? » La question vaut d’être posée ; elle rappelle que les enjeux de cette élection vont bien plus loin que les questions économiques, et que les électeurs y seront appelés à faire des choix essentiels pour la société de demain. Il y a à cela une raison fondamentale : la crise que nous traversons n’est pas seulement économique ou financière, elle est d’abord une crise de société. Les évêques proposent donc pas moins de treize « éléments de discernement », au crible desquels passer les programmes des candidats.

Parmi ces éléments, les questions économiques à proprement parler ne tiennent qu’une place modeste. Y figurent le souci traditionnel des plus pauvres, des exclus, des étrangers, l’Europe, les préoccupations environnementales. Mais, et c’est cela qui est nouveau, les questions de bioéthique au sens large – respect de toute vie humaine, euthanasie – et les questions nouvelles concernant la vie des familles prennent une large place. La manière dont les religions sont ostracisées dans le débat public, sous prétexte de laïcité, est également évoquée longuement. Ces positions ne surprendront personne, mais on n’est pas habitué à les voir aussi fortement rappelées parmi les critères de choix proposés aux électeurs.

Que va-t-il se passer en 2012 ? Nul ne connaît d’avance le choix des Français. Mais on se doute d’au moins trois choses :

1. La crise économique sera au cœur des débats. Or, il sera difficile de choisir entre des programmes qui se ressembleront étrangement : la contrainte extérieure est si forte, et le retard dans les décisions qui auraient du être prises déjà si important, que l’on ne pourra échapper à la rigueur. Les candidats ne pourront que promettre d’en atténuer les effets, sans qu’il soit possible de prédire le véritable impact des mesures sociales sur lesquelles ils s’engageront.

2. La campagne sera sans concession pour la vie privée des uns et des autres, ce qui amène le cardinal Vingt-Trois à demander que « la vie politique ne soit pas réduite à un arbitrage entre des affaires » (Le Figaro du 4 octobre 2011). Mais, à moins d’un scandale majeur mettant en cause l’un des deux favoris, une sorte d’équilibre de la terreur fera que les électeurs auront du mal à faire de la moralité personnelle des candidats un critère de choix.

3. Comme dans toute élection présidentielle, les deux camps feront donc quasiment jeu égal. Pour faire la différence, la tentation sera donc d’aller chercher des voix auprès des groupes de pression, en annonçant des évolutions de nature sociétale : ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, assistance au suicide en fin de vie, assouplissement du droit dans le domaine de la recherche médicale. Sans oublier la réaffirmation d’une « laïcité » invoquée de manière incantatoire et absolument vide de contenu.

« It’s Economy, stupid ! » La fameuse phrase de Clinton contre son rival de 1992 devrait être mise à l’envers trente ans plus tard : ce sont bien les questions de société qui feront la différence entre les candidats. Elles sont pour le moment abordées de manière insidieuse et sans qu’un véritable débat de fond soit engagé. Un vrai débat démocratique suppose d’alerter sur cet état de fait : dans une démocratie, toute minorité doit être respectée, mais les choix de société doivent être effectués par la majorité des citoyens.

Ce billet est également publié sur www.sacristains.fr

jeudi 13 octobre 2011

Ca promet.

Hier soir, débat dont j'avoue n'avoir vu que de brefs extraits, et lu un compte-rendu dans les médias ce matin.

De quoi a-t-on parlé, de quoi parle-t-on ce matin ? D'économie (haro sur les banques et la bourse), de social (réforme des retraites, encore ; licenciements, toujours), de cumul des mandats, de "mots de droite". On fait des petits clins d’œil aux écolos et à M. Montebourg.

Problème : l'élection (la présidentielle, la vraie) ne se gagnera pas sur l'économie, car les contraintes seront si fortes que la droite et la gauche vont présenter le même programme à peu de choses près, se différenciant sur les manières d'atténuer le choc de la rigueur. Elle ne se gagnera pas sur l'écologie, car tout le monde est d'accord. Elle se gagnera sur les sujets de société : familles, euthanasie, immigration et développement international, éducation et jeunesse, et bien sûr place des religions dans la République. Ces sujets mériteraient un débat. Ils sont esquivés par les candidats. Au lieu du débat, je ne trouve que des propositions destinées à s'attirer les suffrages des partisans de l'assistance au suicide en fin de vie, de l'ouverture du mariage aux couples du même sexe, et des lobbys laïcards.

Chacun pourrait avec profit méditer le texte que les évêques de France ont publié la semaine dernière : "Un vote, pour quelle société ?"

Bientôt ici, et sur Sacristains.fr, un écho au texte de la conférence des évêques de France.

Pour parler de choses importantes.


En attendant un billet sur les évêques et la politique, un peu de pub pour un film à ne pas manquer : mardi soir sur France 3, un film sur le P. Joseph, fondateur d'ATD-Quart-Monde.